Photo de la fondation Biermans-Lapôtre en 1927, année de son inauguration. La maison a été inaugurée le 4 novembre 1927 par S.A.R le Prince Léopold, en présence de Gaston DOUMERGUE, Président de la République française. 

Bon à savoir : 

  • Jean-Hubert BIERMANS et Berthe LAPOTRE ont été les premiers mécènes non français à manifester leur soutien aux créateurs de la Cité internationale
  • Armand GUERITTE, architecte de la fondation BIERMANS-LAPOTRE, est l’auteur d’un autre pavillon de la Cité internationale : la Maison des Provinces de France.


Dans ce désir de « redistribution » de sa fortune, Biermans a été le plus prodigue avec la France, en faisant ériger la Fondation Biermans-Lapôtre sur le site de la Cité Internationale Universitaire de Paris (CIUP). Il s’agit à nouveau d’une donation du couple : quelque 6 000 000 du total de la somme offerte proviendrait en effet du « patrimoine » de Berthe Lapôtre. L’épouse de Biermans s’est également investie dans le choix du terrain et l’achat du premier mobilier de la maison. Au total, 15 000 000 de francs-or ont été nécessaires pour bâtir et aménager le pavillon. En janvier 1929, dans un contexte de crise économique il est vrai, Hubert Biermans déclarait ne plus vouloir s’intéresser «qu’aux œuvres fondées dans la Cité» tant avec celles-ci ses « vues » avaient sans doute « dépassé ses moyens »…

En vérité, il a également participé, mais dans une mesure beaucoup moindre, à la construction d’un pavillon pour résidents à l’Université Laval (à Québec) (50 000 francs), ainsi qu’à celle de la Cité Héger sur le campus du Solbosch de l’Université libre de Bruxelles (50 000 francs). On sait qu’il a aussi fait un don à l’Université de Louvain.

En quoi le projet de la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP) a-t-il pu séduire le couple Biermans? L’un de ses principaux initiateurs, André Honnorat, souhaitait contribuer au positionnement de la France comme capitale intellectuelle mondiale. Ministre de l’Instruction publique, il a défendu, devant la Chambre des Députés en 1919, l’idée de réserver 20 hectares parmi les terrains de l’enceinte fortifiée de 1841 alors en cours de dérasement. Ils auraient été mis à disposition de l’Université de Paris aux fins d’y bâtir des maisons d’étudiants. En mai 1920, Honnorat rencontrait Paul Appel, mathématicien et recteur de l’Université de Paris depuis mars, ainsi que le riche industriel alsacien Emile Deutsch de la Meurthe. Celui-ci venait avec une proposition remarquable : il proposait de financer à concurrence de 10 000 000 de francs-or la construction d’un pavillon capable d’accueillir 350 étudiantes et étudiants français. Deutsch, décédé le 19 mai 1924, n’aura pas l’occasion de voir sa Maison achevée (et inaugurée) en juillet 1925.

Pour l’heure, le 7 juin 1921, une convention est signée entre la Ville et l’Etat (au nom de l’Université de Paris). Au final la première ne cédait que 9 hectares – sur l’emplacement des bastions 81, 82 et 83 (sis en face du Parc Montsouris) – contre 13 500 000 francs âprement négociés (la Ville en réclamait18) et intervention du président de la République! La Ville promettait en outre d’acquérir des terrains riverains pour créer un parc. A Lucien Bechman (architecte de l’Université) revenait la conception d’ensemble du projet urbanistique, à J.C.N. Forestier (auquel succède Léon Azéma) l’aménagement du parc.

Biermans connaît et apprécie Honnorat, autant l’homme que son œuvre ‘morale’, favorable au « brassage » des cultures. Donateur influencé par les méthodes anglo-saxonnes, il ne peut que souscrire au rôle essentiel tenu par l’initiative privée dans le projet. Mais sa résolution doit essentiellement à un proche, le Canadien Philippe Roy. C’est cet ancien sénateur, alors haut commissaire en France (de 1911 à 1928) et à l’origine de la Maison du Canada sur le site de la Cité, qui met en contact Biermans avec Honnorat. Car, au tout début des années 1920, Biermans cherche un terrain afin de pouvoir y bâtir une résidence destinée à « une soixantaine d’ingénieurs belges et hollandais ». Honnorat convainc Biermans de voir plus grand. Selon la tradition, l’homme d’affaires se serait rendu aux arguments de son interlocuteur chez Larue (alors le plus élégant restaurant de Paris) après un grand Bourgogne… 

Par ailleurs, Philippe Roy, qui va siéger au Conseil d’administration de la Fondation Biermans-Lapôtre de 1927 à 1938, est une relation précieuse. De 1928 à son retour au Canada en 1938, il occupe en effet le poste de premier envoyé extraordinaire et de ministre plénipotentiaire de son pays en France. Il est alors le deuxième citoyen canadien à jouir des privilèges diplomatiques.

A l’origine, les Biermans auraient souhaité que la Fondation soit la voisine immédiate de «leurs amis canadiens ». Mais, dès le 20 juin 1924, la Commission d’architecture de la Cité avait fixé l’emplacement du pavillon belge « à l’angle du Boulevard Jourdan et de l’allée conduisant à l’entrée face à la rue Gazan ». L’emplacement de 4000 m² plaît aussitôt à Berthe Lapôtre. Pour le colonel Léon Nestor Preud’homme (1871-1936), éphémère premier directeur de la Fondation et, à cette époque, chargé par Biermans de veiller à la bonne marche du chantier, il s’agit du meilleur des terrains octroyés à la Cité.

Rien de trop beau

Dès lors, Biermans ne va pas lésiner à la dépense pour sa Maison qui s’occupera « en première ligne »- lit-on dans l’Acte de donation – « des étudiants Belges en France » et, « en seconde », des « Limbourgeois hollandais et des Luxembourgeois bénéficiant d’une bourse. En raison de la nature du financement, il s’agit d’une « maison non rattachée », soit d’une Fondation disposant de propre Conseil d’administration, libre d’agir toutefois dans le respect des règlements en vigueur sur le campus de la Cité.

Tout au long du chantier, Biermans vérifie les comptes de près, même s’il laisse la gestion quotidienne des affaires à Dehauffe avec lequel il correspond, souvent, plusieurs fois par jour. Dès le 11 avril 1924, Biermans a choisi son architecte, Armand Guéritte (1879-1940) qui présente le croquis du bâtiment au comité de la Cité universitaire le 27 juin. Biermans prend connaissance de ce travail préparatoire le 31 juillet. Il adhère à l’idée d’un bâtiment en T (1330 m² avec sous-sol, rez-de-chaussée, entresol, quatre étages carrés et un cinquième lambrissé), avec une « magnifique entrée et des jardins autour de la construction ». Cette configuration s’est imposée en raison de la disposition du terrain mais, initialement, le donateur aurait souhaité un bâtiment en V renversé 

Pourquoi le choix de Biermans se porte-t-il sur Guéritte, également concepteur de la Maison des Provinces de France? Cet architecte en chef des bâtiments civils (au concours de 1920) – notamment de la ville de Versailles – est reconnu comme un spécialiste de la restauration et de la mise en valeur du patrimoine architectural et paysager. En somme, diplômé de l’École des Beaux-arts de Tours, il adhère à la manière de l’École Nationale des Beaux-arts de Paris (alors influente jusqu’aux États-Unis). Guéritte appartient donc au « Style Beaux-arts ». Ce courant refuse la modernité, glorifie les thèmes historiques, se déclinant en néobaroque, néo-renaissant, néogothique, néo-médiéviste… Après la Première Guerre mondiale, il exprime en outre, dans le Nord de la France et en Belgique où il est couru, une pensée nationaliste tout en « traits » architecturaux confinant au cliché.

Ainsi, par son travail, Guéritte a-t-il voulu symboliser « l’esprit conjugué de la Belgique et de la France ». Voici la Flandre figurée en tourelles, lucarnes, pignons à gradins (typiques de l’architecture ouest-flamande), accompagnés de motifs baroques de type brabançon. Quant à la brique, elle symbolise la même région mais est conjuguée à la pierre naturelle, référence à la Wallonie à l’instar des toits mansardés et recouverts d’ardoise.

Un tel usage de matériaux traditionnels est « superbe » selon Biermans. Et de choisir de la pierre d’Euville pour les socles, de la pierre de Comblanchim pour les marches d’escalier et les paliers d’arrivée et de la pierre de banc de Villiers-Adam partout ailleurs. Ce sont aussi des ardoises d’Angers, fixées par des crochets de cuivre, qui couvrent les toits eux-mêmes parés de gouttières en zinc, à l’anglaise. Quant aux sols, Biermans (et Guéritte) ont opté pour le grès cérame, la mosaïque de marbre et le parquet en Terratzolith (sorte de dallage magnésien) ou en ciment. 

Le Style Beaux-arts ne dédaigne pas pour autant les techniques modernes. Ainsi l’ossature intérieure, celle supportant la toiture, mais encore tous les planchers et la majorité des escaliers de la « Maison des Belges » sont-ils en béton armé. Mais, dans l’esprit du donateur et de son architecte, il n’est pas question d’aller vers les audaces de l’Art Déco alors en vogue. En l’occurrence, l’invention nouvelle a été rendue invisible au moyen de matériaux jugés plus nobles (chêne…). Seuls comptent, au final, les « atouts » du béton armé, au premier rang desquels la solidité. Ce sont les entreprises Bréjou et Saint-Denis, concessionnaires Hennebique, qui sont responsables en la matière sur le chantier Biermans. 

Biermans privilégie également les entreprises récompensées et les artistes primés. Il n’est pas question ici de donner sa chance à un jeune créateur. Biermans fait installer de la sorte un système spécifique de ventilation breveté (Knaepen), un ascenseur Roux-Combaluzier (Grand Prix de l’Exposition universelle de Paris 1900). Enfin, comble du raffinement, il fait fabriquer une horloge électrique Magneta, pièce très rare munie d’un régulateur électrique Brillié.

Le sculpteur Marcel Gaumont, qui réalise les motifs décoratifs et les bas-relief de la façade principale, est issu, tout comme Guéritte, de l’École des Beaux-arts de Tours. Premier prix de Rome 1908, il a également travaillé à la décoration de la Maison des Provinces de France et de la Fondation des États-Unis. Il en va de même d’Edgard Brandt, ferronnier d’art de renom, organisateur de l’Exposition universelle des arts décoratifs et industriels modernes en 1925. On lui doit entre autres le monument de la Tranchées des baïonnettes à Verdun et le bouclier de la dalle du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. En l’occurrence, il signe la porte d’entrée principale (façade Est), surmontée des armes de la Belgique, le tout en fer méplat et fer carré, ainsi que les rampes des deux grands escaliers et les 18 balcons.

Enfin, Biermans confie la décoration de la Salle des fêtes au peintre René Gaucher, autre « classiciste »…, qui y crée de grandes fresques à la gloire, explique , « de la grandeur et de à la beauté de l’œuvre de la Cité belge ».

Au final, au jour de l’inauguration (le 4 novembre 1927), toutes les décorations et les aménagement de cet immense chantier ne sont pas achevés. Ainsi des mosaïques des sols de la bibliothèque, de la salle de lecture et du vestibule, notamment dues aux établissement Alphonse Gentil et Eugène Bourdet, eux-mêmes élèves de l’architecte Laloux et autres couronnés de Grands Prix.

L’ameublement du pavillon doit beaucoup à Berthe Lapôtre. Son mari s’est contenté d’exprimer une note générale, très significative de son goût « bourgeois » : il faut un mobilier « solide et élégant, un mobilier de club ». Tout est dit.

Sous influence française?

Bâtir une « Maison des Belges » en France, même à l’instigation d’un citoyen Canadien…, provoque des réactions parmi les milieux néerlandophones de ce déjà complexe petit et plat pays. A cette époque, les leaders du mouvement flamand luttent en effet en faveur de l’instauration d’un enseignement supérieur (et universitaire) exclusivement néerlandophone. Les enjeux se sont d’ailleurs cristallisés autour de l’Université de Gand (au cours de la querelle dite de la « flamandisation » de Gand). 

Peu avant l’inauguration officielle de la « Maison des Belges », en novembre 1927, Het Laatste Nieuws (Les Dernières nouvelles), ténor de la presse flamande, s’en prend à un point des statut de l’établissement selon lequel seuls sont admis comme résidents les étudiants ayant fait leurs études « en langue française ». La clause exclut de la sorte les premiers licenciés à avoir accompli leur cursus en néerlandais (à Gand et à Louvain)! De surcroit, dénonce en première page le quotidien libéral pour l’occasion défenseur de l’opinion catholique (très implantée au Nord du pays), le jury chargé d’attribuer les bourses d’études ne compte que des professeurs francophones (des universités de Bruxelles et de Liège) à l’exclusion de ceux de la catholique université de Louvain. Et Het Laatste Nieuws de dénoncer l’envoi d’une délégation officielle belge (telle la présence annoncée du ministre des Affaires étrangères socialiste Emile Vandervelde) à une cérémonie qui insulte « les 3/5e de la population belge ».

Ce « Biermans-séparatisme » serait-il l’expression d’une forme de vassalité des dirigeants nationaux à l’égard de la France? Ici encore l’argument touche au cœur une grande part de la population belge, et la flamande en particulier qui ajoute à la question des considérations « linguistiques ». Il s’agit en effet, sur le plan de la politique internationale, de revenir à l’expression d’une stricte « neutralité » afin de ne plus entraîner d’office la Belgique dans un conflit mondial aux côtés de ses « alliés » Franco-anglais. La campagne est relayée par d’autres organes néerlandophones. Du côté des journaux francophones, alors plus influents que leurs confrères flamands, on commente peu l’affaire en revanche. Seul le socialiste Le Peuple dénonce l’injustice faire aux Flamands.

La controverse conduit toutefois la Fondation à revoir ses conditions d’admission. Ainsi, le matin-même de l’inauguration, des négociations sont menées (par le Prince Léopold selon Le Soir) afin de supprimer les termes « en langue française » du règlement. Mais, selon Het Laatste Nieuws, l’attribution de bourses demeure inaccessible aux néerlandophones. De fait, le couple Biermans a instauré des bourses d’études qu’Hubert a souhaité réserver à des jeunes hommes belges (ou des Limbourgeois) désireux de suivre les cours de la Faculté des Sciences ou ceux des Écoles d’enseignement technique supérieur. Il s’agissait également de soutenir des professeurs « faisant des études aussi longues que celles d’ingénieur et qui occupent des fonctions souvent peu rémunérées ». Or, à nouveau, les conditions d’octroi stipulent qu’il faut avoir « achevé ses études en français dans les Athénées et collèges » du royaume. La clause se comprend toutefois puisqu’il s’agit de poursuivre des études en France et, de ce fait, en français.

De son côté, le ministre de l’enseignement, le socialiste flamand Camille Huysmans, subit les foudres de La Nation Belge sous la plume du littérateur francophile (et alors en partie installé en France) Louis-Dumont-Wilden qui accuse son cabinet « enflamingantisé » d’avoir volontairement refusé de soutenir l’initiative. Huysmans réagit le jour même, précisant qu’on ne lui a jamais rien demandé, ni demande de subside, ni demande d’appui. Quoi de plus vrai, d’ailleurs : Biermans a souhaité poser un acte privé, en donateur défiant à l’encontre des autorités publiques. Néanmoins, selon certaines sources, le Ministre, l’un des trois auteurs d’une proposition de loi en faveur de la création d’une Université néerlandophone à Gand…, aurait demandé aux recteurs des 4 universités belges de ne pas se rendre à l’inauguration. Une démarche non couronnée de succès, à l’évidence, puisque ceux-ci comptent au nombre des présents le 4 novembre 1927… à la différence du Ministre dont il faut souligner l’absence. Avec eux, voici un aréopage de qualité dans lequel on distingue le président de la République Gaston Doumergue, le président du Sénat Paul Doumer, le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts Edouard Herriot, le Maréchal Foch, Joseph Bech, président du Gouvernement du Luxembourg ou encore André Honnorat, Philippe Roy et Sébastien Charléty, Recteur de l’université de Paris… Sans oublier le prince Léopold dont Biermans souhaitait la présence à tout prix. De fait, la présence de l’auguste invité, qui déjeune avec Doumergue avant de se rendre sur la tombe du soldat inconnu, accorde une grande publicité à l’événement. Quant aux discours prononcés à cette occasion (outre Biermans et Honnorat, Charléty, Hérriot et Léopold prennent la parole) – diffusés le soir même par tsf – ils célèbrent de façon attendue l’amitié franco-belge.

Que penser des « attaques » flamandes? Nul ne peut nier que, dans l’esprit de son donateur, la Fondation se conçoit telle « un hommage d’affection et de gratitude envers… deux nations sœurs indissolublement unies ». Pour Jules Guillaume, ambassadeur de Belgique à Paris dans les années 1940, elle est la « vitrine de l’éducation belge en France » Encore faut-il, ajoutons-nous, que cet amour et ces échanges s’expriment aussi dans la langue de Vondel…

Le risque de « francisation » de cet établissement « belge » en terre étrangère a pu, à l’occasion, unir dans une même dénonciation presse francophone et néerlandophone. Dès la rentrée 1928, à la suite du refus d’inscription d’un étudiant belge en médecine, des journaux vont s’inquiéter que les « mesures anti-Flamandes » s’étendent désormais « à tout le pays ». Un fait d’autant plus inquiétant, précisent les commentateurs, au sein d’une Maison où les résidents « nationaux » sont nettement minoritaires. Nous y reviendrons.

Le rôle de Directeur

Si l’on excepte l’actuel directeur Jos Aelvoet (2008-), les 6 autres responsables de la Maison Biermans-Lapôtre ont toujours appartenu au « rôle » francophone (à une reprise, il s’est même agi d’un Français). Même le Gantois Henri Van Zeveren (26 -11 1942, directeur entre 1978 et 1991) fut – à l’instar de son père- journaliste à la « fransquillonne » Flandre Libérale.Quant à Fernand Moray (1941-2008, directeur de 1991-2006), il compte parmi les fondateurs de la Délégation générale Wallonie-Bruxelles.

Les dispositions du règlement expliquent à nouveau ce constat. Le « Directeur gérant » de la Fondation, choisi sur la proposition des Biermans et puis, ultérieurement, sur une liste de présentation établie par le Conseil, doit être de « nationalité belge » mais de « formation intellectuelle française ». Nommé pour 5 ans renouvelables, le Directeur est également secrétaire du Conseil d’Administration de la Fondation et l’auteur d’un Rapport moral annuel.

Ainsi du premier titulaire du poste, Léon Nestor Preud’homme, entré en fonction en janvier 1925 mais témoin à la signature de l’Acte provisoire en 1924 et surveillant du chantier. Le profil atypique de ce candidat – un colonel aux états de service importants durant la Première Guerre mondiale – doit beaucoup, selon nous, au fait qu’il a été aide de camp du roi Albert et professeur de mathématiques des enfants du Roi. Une proximité qui a impressionné le couple Biermans et s’est révélée utile pour s’assurer de la présence du Prince le jour de l’inauguration. Rapidement toutefois, les modes de gestion du militaire à la retraite déplaisent à Biermans qui obtient sa démission et le fait remplacer en mai 1928. Dès lors, les qualifications des Directeurs vont davantage correspondre aux exigences requises par la fonction, même s’il aura fallu modifier le règlement pour engager le successeur de Preud’homme, Louis Daux (1863-?, en poste de 1928 à 1937), de nationalité française. Dès lors la fonction directoriale pourra être exercée aussi bien par un Belge que par un Français. En outre, exigence du Conseil (soufflée par Biermans en souvenir de ‘l’expérience Preud’homme’), le Directeur aura mission de présenter un bilan comptable annuel.

A partir de Daux, tous seront des universitaires, issus du monde de l’enseignement et pourvus d’une formation en Lettres. Tel Josse Staquet (1897-?, directeur de 1938 à 1959), docteur en Philologie classique (de l’ULB), qui a conduit des fouilles dans le tombeau d’Alexandre le Grand, dont les émoluments sont fixés à 36 000 et puis 40 000 francs. A titre de comparaison, un professeur de Faculté gagne 4 000 francs par mois à pareille époque. Tel son successeur, Jean Brauns (1920-2008, en fonction de 1959 à 1978), pour sa part licencié en Philosophie et Lettres de l’université de Liège. La durée de ces mandats interpelle : à eux deux, Staquet et Brauns totalisent en effet 40 années de service!

A l’époque, le Directeur entretient des rapports paternels (certains diront paternalistes…) avec les résidents. Chaque année, il soumet un rapport « moral » au Conseil qui s’arrête longuement sur le comportement et l’état d’esprit des étudiants. Daux leur consacre également un « entretien quotidien », « familier » qui joue un rôle non négligeable, pense-t-il, dans le maintien du « bon esprit de la quasi totalité » de cette jeunesse. Plus encore, ces contacts permettent de gagner « la confiance » des jeunes et d’exercer dès lors une réelle « action efficace » sur eux. Daux s’inquiète d’ailleurs du côté « tristes, repliés, peu curieux des autres » de beaucoup d’entre eux. 

Les premières années d’activité

A partir de 1927, sous le dynamique patronage d’Honnorat, le nombre de pavillons ne cesse de croître sur le campus de la Cité (16 en 7 ans). La crise mondiale ralentit la tendance à partir de 1932. Peu de temps avant la Deuxième guerre, le site compte toutefois 19 Maisons et offre une capacité d’accueil de 2400 lits.

Du côté de la Maison Biermans-Lapôtre, le Conseil d’administration se structure peu à peu. En 1924, l’ambassadeur Edmond de Gaiffier décline l’invitation d’y siéger qui lui est faite en raison, précise-t-il, de ses « fonctions officielles » lui interdisant de prendre part à une « œuvre privée, si belle soit-elle ». En 1927, il faut l’insistance d’Honnorat – qui a rappelé que « ses collègues des autres nations l’ont fait pour les Fondations de leurs pays respectifs »- pour que le diplomate revienne sur sa décision.

A l’origine, Hubert Biermans préside l’assemblée alors que le recteur de l’université de Paris en est le président d’honneur. Devant le manque de résidents belges – décrié par la presse nationale comme on l’a vu – une Convention est signée le 22 juillet 1929 entre la Fondation Universitaire (FU) à Bruxelles et la Fondation Biermans-Lapôtre à Paris. Il s’agit désormais que la FU représente (comme véritable « fondé de pouvoir ») la Maison en Belgique et instruise les demandes de résidence de jeunes belges. A la FU revient aussi la mission de sélectionner les personnalités scientifiques et professorales auxquelles proposer les « trois chambres dites de passage ». L’idée d’un tel arrangement vient de Biermans lui-même d’après Jean Willems, personnalité fondamentale dans le monde « scientifique » belge de l’entre-deux-guerres. Willems a quitté le poste de secrétaire de l’ULB en avril 1928 pour occuper celui de directeur de la FU mais aussi du Fonds national de la recherche scientifique (FNRS) et, dès 1932, de la Fondation Francqui l’idée d’un tel arrangement serait venue de Biermans lui-même. 

L’aval du directeur de la Maison des étudiants dans l’admission des dossiers reste cependant essentiel. Mais, comme le rappelle subtilement Willems, il s’agit cependant de subordonner « l’admission des étudiants belges à la Fondation à l’envoi du formulaire par lequel nous émettons un avis favorable ».

De fait, en 1928, on dénombre parmi les résidents 57 Belges, 11 Luxembourgeois, 3 Limbourgeois contre 137 Français (sur 239 chambres disponibles). La Fondation Biermans reste en effet méconnue en Belgique, principalement en raison d’un problème de « positionnement ». Comme l’observe Daux , en 1935, la majorité des résidents sont des hommes de 25 à 30 ans, qui ont terminé leurs études et viennent chercher à Paris un « complément de culture » voire suivre, quelques semaines, « les leçons d’un « maître ».

Le directeur de la FU prend bientôt un réel ascendant dans le Conseil. Ainsi Willems a-t-il son mot à dire quant au choix d’un nouveau directeur lors du départ de Louis Daux en 1937. En mai 1938, il est élu vice-président du Conseil et, à la demande de l’intéressé, remplace Biermans au Conseil de la Cité. Une importante modification statutaire en 1939, qui a nécessité un décret ministériel afin d’autoriser la modification de l’Acte de donation, confirme la tendance. Désormais le directeur de la FU siège parmi les quatre membres de droit aux côtés de l’Ambassadeur de Belgique, désigné Président du Conseil à cette occasion, du Président du Fonds National de la Cité universitaire et du Recteur de l’Académie de Paris. A l’origine seuls figuraient dans cette catégorie : Hubert Biermans, président, Berthe Lapôtre, le directeur de l’Enseignement supérieur au ministère de l’Instruction publique et le Recteur. Par ailleurs, le directeur de la FU entre dès lors parmi les candidats potentiels au poste de Président du Bureau du Conseil. En somme, l’implication plus nette de l’Ambassadeur et du directeur de la FU 1939 accroît la présence effective de l’élément belge. La possibilité nouvelle de coopter 3 membres dont 2 nationaux résidant à Paris marquer encore davantage cette tendance. Il en va de même du lien avec le Grand-duché. L’aggiornamento accorde en effet une place de membre coopté au représentant diplomatique du Luxembourg à Paris (poste créé en 1936 et alors occupé par Antoine Funck. Pour l’occasion, il prend la place de Roy retourné au Canada

En l’occurrence, les Biermans, « membres à vie », ont désiré « faciliter le développement de la fondation due à leur initiative », en plus « de mettre le texte qui la régit en accord avec celui des fondations faites postérieurement à la leur ». Et Hubert Biermans de monnayer le service rendu par la FU en lui garantissant une redevance annuelle de 12 000 francs pour frais de représentation (payement des opérations de traitement des demandes, de la publicité auprès des universités…).

Reste que le nombre de résidents belges demeure toujours minoritaire à la fin des années 1930. En 1938, Josse Staquet, songe même à créer un centre d’études complémentaires pour les étudiants belges en France afin, précise-t-il à Jean Willems, d’augmenter le nombre de nationaux à la Fondation. Sans oublier « les 70 000 Belges du département de la Seine » auxquels, à l’exemple français, il aimerait soumettre un examen (flamand, histoire, géographie) devant une Commission d’examinateurs belges qui accorderait sur place les diplômes d’enseignement moyen. A cette date, la Maison des « Belges » affiche bel et bien complet 220 pensionnaires. Mais parmi eux on ne dénombre que 25 Belges (dont 17 Flamands). Et la proportion avait été encore moindre l’année précédente avec 10 nationaux!

La solution réside à nouveau dans l’implication toujours plus forte de la Fondation Universitaire, le relais belge de la Maison, et, plus fondamentalement encore, dans la création d’équivalences en termes de cursus « pour que les étudiants puissent poursuivre leurs études en France ». De la sorte, le pavillon n’aurait plus comme seuls résidents belges des diplômés désireux de se perfectionner… Un tel accord culturel franco-belge voit effectivement le jour au sortir de la Deuxième guerre alors qu’est instaurée une commission mixte et permanente en charge de l’examen des dossiers. (en février 1946).

De façon générale toutefois, le nombre des demandes d’admission dépasse le total des places disponibles à la Maison dès 1939. C’est avant tout une preuve de succès… du projet Cité universitaire. Car les Belges ne constituent la majorité des résidents dans « leur » propre Maison qu’à partir de 1949, soit plus de 20 ans après l’inauguration de celle-ci.Et même par la suite, tel entre 1966 et 1976, les résidents Français représenteront toujours 21% du contingent contre 30 pour les Belges et 21 pour les Luxembourgeois.

Une Maison belgo-luxembourgeoise?

Pour quelles raisons Hubert Biermans a-t-il souhaité ouvrir sa Fondation aux étudiants luxembourgeois? L’idée doit-elle à son amitié avec l’ingénieur Nicolas Cito, rencontré lors de l’aventure congolaise des débuts? Rien ne permet de l’affirmer pour l’instant. Une autre hypothèse, encore à l’étude, ouvre de suggestives perspectives. On a montré le « patriotisme » d’Hubert Biermans. Ce désir d’associer, dans son entreprise généreuse, le Grand-duché de Luxembourg – et le Limbourg hollandais – à la Belgique peut laisser accroire qu’il a voulu célébrer la « grande Belgique » historique d’avant 1839. Un courant « annexionniste » a connu d’ailleurs une vogue certaine au sortir de la Première Guerre mondiale en Belgique. Pour rappel, en 1839, par le Traité de Londres, les Puissances avaient restreint les frontières de l’Etat belge en lui ôtant une partie de la province du Limbourg (au bénéfice des Pays-Bas) et l’ensemble du Grand-duché, lequel avait été incorporé au territoire de la jeune Nation lors de la Révolution de 1830. D’un point de vue moins politique, le choix de Biermans peut s’interpréter comme une volonté de saluer la jeune Union économique belgo-luxembourgeoise née en 1921.

Quoi qu’il en soit, on remarque d’ores et déjà la croissance plus rapide du nombre de résidents luxembourgeois (ils sont 40 en 1938) parce que, pour leur part, ils ne disposent pas d’université dans leur pays. En outre, comme le souligne Staquet, « le change leur est favorable en France » dans l’entre-deux-guerres et incite au voyage, au détriment de l’Allemagne, autre pôle d’attraction.

Concrètement, les demandes des étudiants doivent être envoyées à la direction générale de l’Instruction publique (devenue Ministère en 1936 et puis, à partir de 1944, Ministère de l’Éducation nationale) qui les relaie à la FU.

Toutefois, de 1939 à 1969, les étudiants luxembourgeois ont l’obligation de présenter leur examen devant un jury national au cours de deux sessions annuelles: l’ordinaire, à la fin de la seconde quinzaine d’octobre; l’extraordinaire, lors du printemps. Il a donc fallut trouver des aménagements pour que ce calendrier concorde avec celui de la Cité (où la date limite des demandes d’admission a été fixée au 15 septembre).

Malgré tout, selon Paul Spang, quelques 3000 étudiants Luxembourgeois vont résider dans la Maison Biermans-Lapôtre des origines à 1990 (dont 173 entre 1927 et 1939). Plus encore – l’étude internationale en cours y reviendra – une part importante de la classe politique et des élites grand-ducales (entre autres diplomatiques.) y peaufinera une formation très ouverte à la culture française.

La Guerre et l’immédiat après-guerre

Le Service de Santé de l’Armée française occupe la Fondation de manière effective le 3 septembre 1939 avant d’en chasser les 48 derniers étudiants encore sur place. Armand Guéritte procède aussitôt à un état des lieux et fait estimer le mobilier à 395 975 francs. Le 1er novembre, Josse Staquet, alors Directeur en fonction, prend le chemin de la Belgique tandis que le personnel, quand il n’est pas mobilisé, regagne son domicile ou intègre ledit Service de Santé. Le 19 juin 1940, c’est au tour de l’armée allemande de prendre possession du pavillon qu’elle transforme en caserne. Les dégâts les plus lourds se produisent durant cette période. Staquet, de retour au poste le 1er juillet, parvient cependant à placer les archives en lieu sûr. Mais il ne peut procéder ni à un nouvel inventaire ni à un état des lieux. En mai 1942, les soldats cèdent la place aux Jeunes Filles Allemandes du Service Auxiliaire d’Information (qui investissent les lieux en août). Staquet, qui peut conserver son logement dans la Maison, s’investit avec énergie auprès de la Commission des Réquisitions allemandes afin d’obtenir, les indemnités dues en raison de l’occupation des lieux. Et de soutirer la somme non-négligeable de 2 248 733 de francs… qui, au final, accroît les avoirs de la Fondation et l’autorise à se montrer prodigue en pleine guerre. Ainsi verse-t-elle 100 000 Francs au home de Salneuve et 50 000 Francs à André Honnorat afin qu’il aide les plus nécessiteux des membres du personnel de la Cité. 

Le 12 décembre 1944, le Conseil de la Maison se réunit officiellement pour la première fois depuis le début des hostilités. Mais quelques séances officieuses s’étaient tenues au cours du conflit. A la Libération de Paris, les Américains installent provisoirement une école d’officiers avant de libérer la Maison qui rouvre ses portes le 16 août 1945 à 175 résidents (dont 6 Luxembourgeois).

Pour sa part, le couple Biermans – qui s’est exilé au Canada le temps du conflit mondial – ne regagne l’Europe qu’en octobre 1946. A partir de cette date, tous deux décident de ne plus tenir les premiers rôles dans la gestion de la Fondation. Les pousse à prendre cette position de relatif retrait, outre l’âge, le contexte difficile de l’immédiat après-guerre : on songe aux restrictions en tous genres et à la crise du logement à Paris dont les effets se font sentir sur le campus de la Cité… 

Mais, de façon plus fondamentale, ce sont les modes de fonctionnement chers à Biermans, qui sont alors dépassés. Jusqu’à cette époque, il avait en effet refusé toute subvention officielle afin de gérer son œuvre à ‘l’américaine’, soit exclusivement sur fonds propres. Dès 1947, Josse Staquet n’hésitait pas à se plaindre auprès de l’ambassadeur Jules Guillaume de cette « politique d’autonomie » ayant conduit le donateur à refuser « les subsides du ministère belge de l’Instruction publique, qui a proposé à plusieurs reprises un montant de 250 000 francs ». Désormais l’augmentation constante des frais de gestion rend la position intenable. D’autant que la Fondation ne pratique pas des prix élevés : en 1946, une chambre double coûte 900 F par mois (et 1400 pour une individuelle) alors que la Maison des Provinces de France exige 1800 F par lit en chambre double. Aussi, à partir de 1949, le gouvernement belge va-t-il accorder un « subside annuel » de l’ordre de 300 000 francs sur le compte de la Fondation Biermans-Lapôtre auquel s’ajoute une participation du ministère de l’Enseignement national luxembourgeois de 55 000 francs. Celle-ci semble avoir été régulière sans qu’il soit permis pour l’heure de l’affirmer. En l’occurrence, il s’agit d’une aide renouvelable mais non inscrite au budget de la Nation. Dès lors, à nouveau, la position de la FU est centrale puisqu’elle sert de médiatrice entre le ministère de l’Instruction et la Maison Biermans-Lapôtre. Au final, la subvention (en hausse notable au cours des années 1960 : 1 000 000 FBL en 1965, idem en 1968, en plus de l’octroi à titre exceptionnel de 10 000 000 de FBL pour rénovations) est inscrite au budget du Service Public Fédéral « Politique Scientifique » belge à partir de 1970. Il en va de même du côté du Ministère de la Culture, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche luxembourgeoise.

La Question des filles

Autre changement majeur, le nombre de jeunes gens inscrits à l’Université ou en Ecoles supérieures n’a cessé de croître : ils étaient 28 000 en 1900, ils sont 123000 en 1946. Une évolution de la composition sociologique du monde étudiant (en France comme ailleurs dans le monde dit occidental) découle de cette tendance, laquelle modifie les « habitus » du monde universitaire. C’est une population moins favorisée qui fréquente en effet les Universités, notamment des enfants de fonctionnaires, des «classes moyennes » même inférieures. Aussi, à partir des années 1950, cette dernière apparait-elle inadaptée à un grand nombre de ceux-là qui vont souhaiter et puis exiger (l’UNEF se positionne avec force et publiquement en faveur d’une refonte de l’enseignement supérieur lors de son Congrès de Grenoble en 1959) des réformes en faveur d’une Université ouverte (non « malthusienne ») et dans laquelle les étudiants prendraient part à la gestion. De prime abord, les autorités de la Cité répondent avec fermeté à ces revendications et interdisent les manifestations politiques sur le campus, allant jusqu’à exclure les organisateurs de manifestations (notamment en 1947-1948). Pour Auguste Desclos, collaborateur historique d’Honnorat et ancien directeur du Collège Franco-britannique, une « Cité- École », en effet, ne supprime pas les hiérarchies mais « nécessite au contraire une différenciation et une gradation des compétences et des fonctions, un ordre et une autorité solidement fondée sur la valeur des services rendus… une discipline librement consentie. Et, dans tous les cas, elle se doit d’éconduire les velléités de cogestion étudiante…A ce sujet, Desclos se retranche derrière un argument auquel les administrateurs de « la » Biermans vont recourir volontiers : les pavillons de la Cité dépendent de Conseils qui n’auraient pas le droit, même s’ils le voulaient, de se dessaisir de leurs prérogatives.

Reste que, parmi ces nouvelles catégories sociales d’étudiants du supérieur, on dénombre, en 1946, près de 35 000 filles. Or la Fondation, parmi d’autres pavillons, n’a guère de places à leur offrir. L’année suivante, c’est l’ambassadeur Jules Guillaume qui le premier demande au Conseil d’accueillir ce nouveau public. Pour le directeur Staquet, une telle mesure générerait des difficultés « matérielles et morales », au risque « de rendre vains dix ans d’efforts ». Et d’entrevoir « non sans frémir, la certitude d’être complice de l’immoralité… ». Pourtant, à la rentrée académique 1947, 3 appartements habituellement réservés aux professeurs de passage sont mis à disposition de 5 filles qui, grâce à des aménagements, vont disposer d’une chambre-studio, d’un salon commun et d’une salle de bains commune. Les voici, en somme, en quartier de sécurité…

La situation n’est cependant pas plus favorable ailleurs sur le campus où, en 1950, seulement 6 Maisons (la Deutsche, le Collège franco-britannique, le Collège néerlandais, la Fondation des États-Unis, la Maison du Mexique et celle des étudiants argentins) autorisent la mixité ou sont en mesure de l’accepter! Et encore ces pavillons ne peuvent-ils accueillir que 3 ou 4 filles par an… Dès lors, même si les demandes d’admission féminines demeurent minoritaires (3 à 18 par an entre 1948 et 1958), le manque de place contraint la direction de la Maison à refuser plus du tiers des candidatures. Le rejet est systématique dans le cas de mineures (à l’époque, la majorité s’acquiert à 21 ans).

Avec le décès des donateurs – Berthe Lapôtre s’éteint en septembre 1952 et Hubert Biermans en février de l’année suivante – l’histoire de la Maison des « Belges et des Luxembourgeois » ne s’arrête pas.

Référence: « Biermans-Lapôtre, Histoire d’un mécène et de sa fondation »
par Pierre Van den Dungen et Serge Jaumain
Octobre 2013

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